Quartier
bourgeois édifié dans les années trente du siècle passé, le quartier de
Bijouville est aussi appelé Beb Mateur vu
qu’il est l’aboutissement Sud Ouest de l’avenue Habib Bourguiba de Bizerte menant
vers Mateur.
Une
Campagne d’identification menée en novembre 2012 par des étudiants de l’Ecole
Nationale d’Architecture et d’Urbanisme de Tunis et de l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture
et de Paysage de Lille, dans le cadre d’une coopération décentralisée entre la
ville de Bizerte et la
Communauté Urbaine de Dunkerque, a permis de mettre l’accent
sur une haute valeur patrimoniale à travers la signalisation de plus d’une
cinquantaine d’édifices remarquables pour leurs architectures, et d’organisations
urbaine et paysagère fort remarquables.
En
effet, ce quartier constitue un ensemble urbain, architectural et paysager
riche et constitue l’un des éléments principaux de la valeur patrimoniale,
culturelle et historique de la ville de Bizerte.
Néanmoins,
deux facteurs mettent en péril ce potentiel :
-
La pénurie
des terrains constructibles au centre ville de Bizerte (dû à plusieurs facteurs
sur lesquels on s’étalera prochainement) pousse les promoteurs immobiliers à
investir ce quartier dont la dynamique économique est fort séductrice. De plus,
la zone d’extension de la ville de Bizerte (GP 11) est dépourvue des
infrastructures nécessaires pour attirer ces promoteurs et ainsi créer de
nouveaux pôles dans la ville. Ces zones
d’extension sont aussi malheureusement infestées par des constructions
anarchiques qui rendront difficile toute organisation rationnelle future.
-
Le règlement
d’urbanisme en vigueur, caractérisé par le Plan d’Aménagement Urbain (PAU) de
la ville de Bizerte approuvé le 31 juillet 2009, n’offre aucune protection à ce
site et autorise même la démolition pure et simple de ces édifices. Pire, ce règlement autorise les promoteurs à
remplacer ces bâtiments dont les gabarits ne dépassement pas les huit mètres
d’hauteur (Rez-de-chaussée et un étage) par des immeubles de vingt cinq mètre
de hauteur (Rez-de-chaussée et six étages) à certains endroits.
Une
action urgente de la part du Ministère de la Culture est nécessaire. Un moratoire sur les
démolitions dans ce quartier en attendant d’entamer une procédure de classement
et une révision du PAU régissant la construction de la ville.
Il
est tout à fait naturel à une ville de s’étendre et de se développer, et les
visées sur ce quartier sont compréhensibles vu la rentabilité qu’il assure. Et
il ne s’agit pas ici de s’opposer à ce développement mais à son encadrement et
à la protection du potentiel patrimonial du site pour qu’il puisse continuer à
attirer les investisseurs et à rentabiliser.
Dénaturer
le site et le travestir tueront son authenticité, seule garante de son
potentiel.
Ce
qui est demandé à nos prometteurs n’est pas de construire beaucoup pour
rentabiliser leurs investissements, mais plutôt
de mieux construire, d’assurer la valeur ajoutée à travers la qualité.
Il s’agit de mieux construire pour gagner plus. D’autres villes dans le monde
sont confrontées au même dilemme. Des quartiers de Beyrouth datant du XIXème
siècle, et qui ont survécu à la guerre civile libanaise, attirent grâce à leur
authenticité et à leur richesse patrimoniale des investisseurs du monde entier.
Mais hélas, qui cherchent à rentabiliser avec avidité leurs investissements. On
cède à la dictature des chiffres et du capital. On modifie les lois d’urbanisme
pour satisfaire les promoteurs. On fait fi de l’héritage qui, rappelons le, est
à l’origine de l’attraction de ces investissements ! On autorise la
démolition de ces constructions témoins de la richesse historique des lieux. Des
immeubles parfois d’une quinzaine d’étages prennent alors place dans des
parcelles jadis dédiées à des villas. Le résultat est un rapport ciel/terre
déséquilibré, des sensations d’écrasements imposées aux riverains et des
expressions architecturales en totale rupture avec les lieux. La rentabilité
immédiate et importante y est certes, mais qu’en est-il de sa pérennité ?
Ces jungles de verres et de béton, anonymes et froides sauront elles attirer à
leur tour des investisseurs dans le futur ? N’est ce pas aussi cela le
développement durable ?!
Des
parties de ce site nous sont parvenues intactes malgré les terribles bombardements
alliés de la deuxième guerre mondiale, Survivront-elles à l’avidité de ceux
dont la seule priorité est l’enrichissement personnel et immédiate?
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