mercredi 15 janvier 2014

Bâtiment de l’école de l’avenue d’Algérie : Une réaffectation qui fâche !


La culture n'aura donc pas droit de cité à Bizerte! Ainsi "ils" décidèrent. "Ils", ce sont ceux qui se réservent le droit de décider pour les 600 milles citoyens tunisiens habitants dans la région de Bizerte. "Ils", ce sont ceux qui ont décidé que nul bâtiment à vocation culturelle ne verra le jour à Bizerte. "Ils", ce sont ceux qui ont décidé qu'un énième équipement sécuritaire viendra s'imposer à la ville et à sa population.

Tout était pourtant bien parti. Saisissant l'opportunité de la fermeture définitive de l'école primaire sise à l'avenue d'Algérie, dont le terrain, propriété du Ministère des Domaines de l’Etat et des Affaires Foncières, est un ilot desservi aussi par l'avenue Habib Bourguiba et  la rue du 1er, des associations appuyées par la Délégation Spéciale de la Mairie de Bizerte et de la Délégation Régionale à la Culture, ont plaidé à partir du mois de mai 2011 la cause de la réaffectation du bâtiment de cette école en un complexe culturel. Les arguments ne manquaient pas. Cette ville, chef-lieu du quatrième plus grand gouvernorat du pays, squatte depuis l'indépendance une église et une synagogue pour loger sa Maison de la Culture et sa Bibliothèque. Les quatre dernières salles de cinéma ont été transformées en commerces. Le prestigieux palais des congrès, quant à lui, offre le plus triste des paysages avec son état délabré.

Mais ce constat de carence manifeste d'infrastructures culturelles dans une ville qu'on se plait de taxer d'être le fief de l'extrémisme et de l'intolérance, ne semble pas convaincre nos décideurs qui depuis Tunis s'apprêtent à implanter au cœur du tissu urbain, sur son épine dorsale, l'avenue Habib Bourguiba, un cinquième édifice à vocation sécuritaire, avec tout ce qui l'accompagnera de fils barbelés, de barricades et de fusils mitrailleurs.

On est en droit ici de se poser de nombreuses questions sur la valeur des discours prônant la démocratie participative et de décentralisation de la décision, sur les raisons qui poussent certains à  tenir tant à marginaliser le rôle des municipalités, sur la réussite attendue d'un projet populairement refusé et puis sur les fondements de politique de la ville qui impose à l'axe principal d'une cité tant de bâtiments sécuritaires !

Avec ses douze casernes et ses trois prisons, l'espace communal de Bizerte avait hérité de sérieux arguments pour illustrer le caractère totalitaire du régime. On avait espéré que les trois dernières années permettraient le déclenchement de l'humanisation d'une ville devenue suffocante. Mais malheureusement, tout le monde ne semble pas être convaincu de la nécessité absolue de réviser des politiques culturelles, urbaines et sécuritaires abjectes qui ont produit la situation que nous vivons aujourd’hui.




3 commentaires:

  1. Et que pensent les élus de la ville et les supposés cadres qui sont allés hier rencontrer le président de la république de ces temps de misère

    RépondreSupprimer
  2. il faudra s'organiser, informer et communiquer via les ONG pour un avenir meilleur de nos enfants. C'est à nous de préserver notre ville et seulement nous.On mérite vraiment mieux.

    RépondreSupprimer
  3. La politique destructrice de la ville de Bizerte par le régime de Bourguiba continue de plus belle post-Révolution. Je me rappelle quand les français quittaient la ville en 1962-63, j'ai défendu l'idée de créer un pôle universitaire dans les casernes libérées par les soldats français.
    Rien n'a été fait mais on a construit le campus d'El Manar à coût de milliards qui auraient dû être réservés au développement.
    Ensuite, on dira que les bizertins sont à majorité extrémistes et qu'il faut les surveiller de plus près en renforçant le régime sécuritaire.

    RépondreSupprimer