mercredi 12 février 2014

Municipalité de Bizerte : L’empoisonnement comme réforme

Je crois que les 165 milles habitants du périmètre communal de Bizerte sont d’accord sur le fait que la structure actuelle de la Municipalité de Bizerte est loin de pouvoir relever les défis lancés à la ville, ni de pouvoir répondre aux aspirations de ses habitants qui portent tant d’amour à leur ville, aussi folklorique soit il. Les soixante années de despotisme n’ont pas été sans effets sur ces structures dont le rôle dans la construction d’une démocratie tant espérée sera primordial vue leur proximité du citoyen et du fait qu’elles seront l’outil qui permettra à ce dernier de participer effectivement à la gouvernance.

Le cas de la Municipalité de Bizerte est fort caractéristique. Une extension urbaine non maitrisée, des quartiers historiques en perpétuelle destruction et où les démolitions sont quasi-quotidiennes, une infrastructure routière précaire, 120 tonnes de déchets quotidiens laborieusement collectés… Pour faire face à ces innombrables difficultés, une réforme de l’institution s’imposait !

En guise de butin de sa victoire lors des élections de la Constituante du 23 octobre 2011, le parti islamiste Nahdha s’est attribué le contrôle de la Municipalité de Bizerte. Les beaux discours de réformes (qui certes s’imposaient) ont accompagné cette ascension d’une équipe « pieuse » et « croyante » (qui pour le prouver s’est interdit la présence de toute femme).


Empoisonnement par Al-Bir w Al-Ihsen


Les motivations politiques pour ne pas rater la marche étaient fort présentes. Il fallait à tout prix obtenir un succès rapide, même si ce n’est qu’un leurre, même si ça compromettra l’avenir de l’institution. 
Donc, au lieu de réformer le système de collecte des déchets, au lieu de développer le service d’entretien des chaussées, au lieu de redonner vie à l’action sociale, au lieu de responsabiliser les ouvriers pour qu’ils s’investissent plus… On fera appel à une association caritative satellitaire du parti. C’est à elle qu’on demandera de combler du déficit de collecte de déchets, c’est à elle qu’on confiera certaines taches de bâtiment, c’est à elle qu’on demandera de jouer le rôle social qu’assurait le Municipalité autrefois… et pire que ça, c’est à elle qu’on demandera de motiver certains ouvriers pour qu’ils se dépensent plus au travail… en leur attribuant des primes !
Ce n’est guère une réforme à laquelle on assiste mais plutôt à une dissolution, un démantèlement, un empoisonnement d’une institution vieille de plus de 130 ans et qui, bien qu’on ne soit jamais satisfait de son œuvre, a su se préserver et résister lors des événements de la révolution.
Qu’en adviendra t il de ces services une fois que cette association quittera la scène ? Comment reprendre la tâche ? Comment responsabiliser certains ouvriers qui ont goutté à cette bêtise ?
On avait connu Al-Bir w Al-Ihsen après le 14 janvier 2011 et durant la campagne électorale comme une association caritative à qui les gens faisaient des dons pour aider les plus démunis dans la région. Elle s’efforce aujourd’hui d’éviter l’échec d’un parti qui s’est attribué la légitimité de contrôler une ville qu’il est incapable de gérer, une entreprise qui menace l’avenir d’une institution, une institution fondée en 1884 et qui a survécu à deux guerres mondiales, une bataille de libération et à une dictature, mais qui ne survivra peut être pas à  l’arrogance de certains.


Le clientélisme, sec et béat, des pires années du despotisme, justifie t il à n’importe quel niveau qu’un parti, dont les militants ont eu droit aux effrois du despotisme, exerce de telles pratiques ? En somme, que voulons-nous ? La Tunisie ou le parti Nahdha ? 

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