Je crois que les 165 milles habitants du périmètre communal de Bizerte sont d’accord sur le fait que la structure actuelle de la Municipalité de
Bizerte est loin de pouvoir relever les défis lancés à la ville, ni de pouvoir
répondre aux aspirations de ses habitants qui portent tant d’amour à leur
ville, aussi folklorique soit il. Les soixante années de despotisme n’ont pas
été sans effets sur ces structures dont le rôle dans la construction d’une démocratie
tant espérée sera primordial vue leur proximité du citoyen et du fait qu’elles
seront l’outil qui permettra à ce dernier de participer effectivement à la
gouvernance.
Le cas de la
Municipalité de Bizerte est fort caractéristique. Une
extension urbaine non maitrisée, des quartiers historiques en perpétuelle
destruction et où les démolitions sont quasi-quotidiennes, une infrastructure
routière précaire, 120 tonnes de déchets quotidiens laborieusement collectés…
Pour faire face à ces innombrables difficultés, une réforme de l’institution s’imposait !
En guise de butin de sa victoire lors des élections de la Constituante du 23
octobre 2011, le parti islamiste Nahdha s’est attribué le contrôle de la Municipalité de
Bizerte. Les beaux discours de réformes (qui certes s’imposaient) ont
accompagné cette ascension d’une équipe « pieuse » et
« croyante » (qui pour le prouver s’est interdit la présence de toute
femme).
Empoisonnement par Al-Bir w Al-Ihsen
Les motivations politiques pour ne pas rater la marche
étaient fort présentes. Il fallait à tout prix obtenir un succès rapide, même
si ce n’est qu’un leurre, même si ça compromettra l’avenir de
l’institution.
Donc, au lieu de réformer le système de collecte des déchets,
au lieu de développer le service d’entretien des chaussées, au lieu de redonner
vie à l’action sociale, au lieu de responsabiliser les ouvriers pour qu’ils
s’investissent plus… On fera appel à une association caritative satellitaire du
parti. C’est à elle qu’on demandera de combler du déficit de collecte de
déchets, c’est à elle qu’on confiera certaines taches de bâtiment, c’est à elle
qu’on demandera de jouer le rôle social qu’assurait le Municipalité autrefois…
et pire que ça, c’est à elle qu’on demandera de motiver certains ouvriers pour
qu’ils se dépensent plus au travail… en leur attribuant des primes !
Ce n’est guère une réforme à laquelle on assiste mais plutôt
à une dissolution, un démantèlement, un empoisonnement d’une institution
vieille de plus de 130 ans et qui, bien qu’on ne soit jamais satisfait de son
œuvre, a su se préserver et résister lors des événements de la révolution.
Qu’en adviendra t il de ces services une fois que cette
association quittera la scène ? Comment reprendre la tâche ? Comment
responsabiliser certains ouvriers qui ont goutté à cette bêtise ?
On avait connu Al-Bir w Al-Ihsen après le 14
janvier 2011 et durant la campagne électorale comme une association caritative
à qui les gens faisaient des dons pour aider les plus démunis dans la région.
Elle s’efforce aujourd’hui d’éviter l’échec d’un parti qui s’est attribué la
légitimité de contrôler une ville qu’il est incapable de gérer, une entreprise
qui menace l’avenir d’une institution, une institution fondée en 1884 et qui a
survécu à deux guerres mondiales, une bataille de libération et à une
dictature, mais qui ne survivra peut être pas à
l’arrogance de certains.
Le clientélisme, sec et béat, des pires années du
despotisme, justifie t il à n’importe quel niveau qu’un parti, dont les
militants ont eu droit aux effrois du despotisme, exerce de telles
pratiques ? En somme, que voulons-nous ? La Tunisie ou le parti
Nahdha ?
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